Les yeux vers les sommets
Plusieurs victoires manquées dans cette fin d’année 2019 chez les joueurs français, mais plusieurs s’en rapprochent…
Vous devez vous dire, quel est ce mec qui parle de joueurs de golf de très haut niveau qui perdent en play-off alors qu’il est dans son fauteuil ?
Vous n’avez pas tort, mais je me pose la question un peu différemment.
Comment des pays latins qui nous ressemblent en golf ont-ils fait naître des joueurs dans le Top 30 mondial et qu’ils y campent encore dernièrement ? Laissons même de côté tous les anglo-saxons.
Antoine Rozner vient de faire une interview qui éclaire le sujet dans Swing, le podcast de l’Equipe et du Journal du Golf.
Mon propos n’est pas de juger la performance des joueurs qui est remarquable, mais de comprendre la différence entre perdre un play-off ou le gagner.
La victoire en tournoi est un processus
La compétition de golf met en lumière les comportements du joueur dans ses moindres détails, d’infimes détails qui font la différence entre être second ou premier.
La place de premier se prépare, c’est un processus. Le même en sport que celui qui est pratiqué pour réaliser un objectif d’entreprise. Entreprendre aujourd’hui encore plus qu’hier, engage à vouloir être le meilleur.
Donner le meilleur de soi même. S’entourer pour avoir le meilleur TEAM: « Together Everybody Achieves More ». On est plus fort à plusieurs que tout seul! (en traduction personnelle).
La liste de nos magnifiques perdants est longue. Elle commence avec Jean Van de Velde, Thomas Levet, Gregory Havret, plus près de nous, Benjamin Hébert, Mike Lorenzo Vera, Antoine Rozner. Chez les dames Gladys Nocera ou Céline Boutier ont manqué des victoires aussi dans leurs tournois.
J’ai eu l’occasion de d’écrire que chez les Espagnols, il y a une filiation depuis Severiano Ballesteros. Cette filiation est née parce qu’il s’est impliqué dans la vie du golf espagnol et cela continue. Ils ont « les clés de la gagne » pour mettre en place tous les détails de la victoire.
La force de l’expérience des anciens
En France, cela commence à peine. Thomas Levet, Greg Havret, Raphaël Jacquelin chacun à leur façon font beaucoup pour transmettre leur expérience. Chez les joueurs professionnels de leur entourage mais aussi chez les plus jeunes, voire les très jeunes joueurs. C’est déjà une grande avancée.
Le joueur de golf est un chef d’entreprise
Chacun des joueurs professionnels est maintenant un chef d’entreprise. Sur tous les circuits, ils disposent d’une cellule personnelle pour se préparer techniquement, physiquement et mentalement (pas toujours émotionnellement et spirituellement en France).
Le sport de haut niveau atteint de tels sommets que pour exister cette cellule doit fonctionner comme un système bien huilé. C’est au joueur de la réguler en fonction de sa vision de son avenir personnel. De la précision de ses objectifs, de la minutie avec laquelle il se projette et se programme.
Comme il pilote son jeu, il prend les décisions sur son programme et toute sa préparation. Elle doit être à la fois parfaitement détaillée et souple pour pouvoir s’adapter en cours d’année. Cela demande de l’expérience et une rigueur de chaque instant en golf. Pas de place au relâchement en tournoi et encore moins dans ses choix d’entraînement.
Le plan B ?
Intéressant d’écouter Antoine Rozner parler de la pression du 72ème trou du Mauritius Open.
Son challenge: réaliser birdie pour gagner ou par pour aller en play-off. Mille manières de faire birdie pour un professionnel.
La majorité des joueurs d’aujourd’hui mise sur le fait de prendre un par 5 en deux pour cela. Je trouve que ce n’est pas la meilleure solution sous pression pour plusieurs d’entre eux.
Il me semble que ce serait plus facile à l’entraînement de préparer un birdie en 2 coups plus approche au drapeau. Sur un 72ème trou, la position du drapeau n’est jamais un cadeau pour les joueurs. Une sorte de plan B pour gagner en confiance, avoir plusieurs solutions à disposition.
Cette proposition suppose que le joueur axe son entraînement sur un wedging de précision plus que sur un swing de drive placé avec sûreté. Nous savons tous que poser un swing à 280 m est particulièrement délicat. Dans le sac, ce club donne des résultats aléatoires. Un bois de parcours ou un wedge plus aisé.
Antoine Rozner dans ce play-off a été à la hauteur de l’enjeu puisqu’il réalise 3 birdies. Il est conscient de la valeur de son jeu. Il a pris des risques. Mais son discours montre tout de même qu’il a une croyance limitante à faire sauter.
Jouer son 72ème trou le fait encore raisonner : rater le par c’est tomber du podium et prendre un risque maximum au play-off est plus facile parce que le coup imparfait nous place en second…
Préparer ses objectifs et les processus attachés
Cela me fait dire que le joueur de formation française de golf part pour ne pas perdre plutôt que de vouloir gagner. (Cf ce que propose V. Pérez de formation américaine…)
Ce type de raisonnement ne peut pas l’amener au niveau supérieur. Cela montre qu’il y a chez lui encore un doute. Que son intention affichée en façade n’est pas acceptée par son inconscient.
Personnellement je considère qu’un travail sur ses peurs pendant son entrainement d’hiver lui serait d’une grande aide pour son avenir.
Dans sa préparation, il n’a pas programmé son subconscient pour gagner. Les lois de l’univers : l’intention, l’alignement font partie des détails indispensables à la réussite du plus petit projet imaginé. La confiance en soi n’est au meilleur niveau.
Une fois l’objectif visualisé, ambitieux, une projection claire, avec la conviction qu’on le mérite, que l’on est prêt, la concentration sur le processus à accomplir pour le réaliser et la cohérence avec le projet: travailler chaque jour à tous les détails qui nous font avancer vers le but.
En sport ,cette réflexion est de mon point de vue essentielle pour atteindre le niveau mondial. On entend bien que le niveau européen dans le discours d’Antoine est une étape.
Mais lorsque la victoire se présente la saisir tout de suite est la meilleure des façons de la prendre une prochaine fois ou de mettre en œuvre encore plus d’imagination et de motivation pour aller en chercher une autre au lieu d’en attendre l’occasion favorable.
Alors comment se préparer à cela ? D’abord en prendre conscience avec son entourage. Un coach mental digne de sa profession a cela dans ses outils aujourd’hui, Aimé Jacquet, Claude Onesta, Zinedine Zidane ou Didier Deschamps… ont montré la voie.
Un outil: hypnose profonde
Les techniques de coaching de développement personnel ne suffisent pas, trop longues à obtenir des résultats sauf si l’athlète a commencé très tôt à travailler sur lui-même (Teddy Riner en est un exemple).
Entrer et sortir du flow, de la zone en golf est délicat. L’apprentissage le plus efficace est à mon sens dans l’hypnose profonde. La seule technique qui permet de reprogrammer l’inconscient du joueur de manière rapide.
Nos croyances limitantes viennent du plus profond des âges. Nous n’en sommes plus conscients, mais la machine automatique qui actionne nos gestes est programmée par toutes nos croyances et nos peurs en plus de nos besoins.
Alors la meilleure manière de gagner c’est de se projeter dans la victoire. La visualiser, ressentir l’effet que cela nous fait par tous les sens qui nous sont donnés.
Il ne reste plus qu’à jouer…pour réaliser enfin le rêve que l’on a fait.
Michel Prieu